Le chef des Castors Juniors avait dit : » Samedi, on descend le Terrouin en canoë, c’est un ruisseau large et navigable » Eh bien, allons-y….
Le Terrouin est un petit ruisseau, un peu espiègle, d’une trentaine de kilomètres qui prend sa source au Nord-Ouest de Toul à Laneuveville derrière Foug. Il fait ensuite semblant de partir plein nord comme s’il voulait longer les côtes de Toul pour aller se jeter tout seul dans la mer du Nord. Mais à Sanzey, de guerre lasse, il tire plein Est jusque Avrainville, où là, fatigué, il décide de rejoindre la Moselle au plus court, c’est à dire par Jaillon. Un mariole, ce Terrouin…
Pour vous dire à quelque point ce ruisseau est roublard, on pourrait presque dire mythomane, il n’y a qu’à le regarder dans les villages, il fait le beau, ressemble presque à un fleuve. Par contre, dans la campagne, loin des chemins, des routes, et des regards, il est si étroit qu’il est presque impossible de glisser une pagaie entre le bateau et la berge !
Alors, la pagaie sert tantôt de perche pour repousser la berge, tantôt de gaffe pour se rapprocher de la rive, tantôt de bouclier pour tenter (en vain) d’échapper aux ronces et aux barbelés (bateau gonflable faut il le rappeler..), mais ça sert également de levier pour soulever branches et troncs, voire comme massue pour assommer son coéquipier mais ça c’est involontaire….enfin c’est ce qu’il paraît.
On m’avait dit « Le Terrouin est en crue, il y a du courant, ça va filer ! « . Effectivement, le buisson d’épines qui barre tout le ruisseau, il arrive à toute vitesse…et plus loin, il y a tellement d’eau qu’on ne sait plus très bien distinguer le ruisseau du pré à vaches. On a même réussi à s’échouer au dessus d’un pont qu’on n’avait pas vu venir…
On m’avait dit aussi « Cette fois je prend une scie, on ne sait jamais » (voir la descente de l’Esch), heureusement car pendant une bonne partie de la matinée on a donné plus de coups de scie que de coups de pagaie..
On m’avait dit « Il y a de jolis moulins« . Effectivement, celui de Ménil la Tour est magnifique mais pas le temps de l’admirer car pour échapper à la chute du moulin d’un côté, un chien exubérant de l’autre et une berge trop escarpée pour débarquer il a fallu s’enfiler dans un passage un peu technique qui demandait un minimum d’attention.
On m’avait dit « On est en Janvier, mais avec le réchauffement climatique, pas de soucis..« . Mais est ce une raison pour accrocher, sans rien me dire, mon Kway au premier arbre venu ? Certes, le lendemain, après une nuit de lavage dans le Terrouin je l’ai retrouvé plus blanc que blanc.
On m’avait dit « Si, si, il y en a qui l’ont déjà descendu le Terrouin.. » Alors ça j’en doute ! Je soupçonne bien quelques vaches d’avoir tenté l’aventure, au vue des nombreux barbelés tendus en travers du lit du ruisseau, sans doute pour empécher le bétail de rejoindre, en crawl, Avrainville pour y faire un golf. Mais des humains, même un peu foldingues, qui auraient descendu le Terrouin, ça j’aimerais les connaître !
On m’avait dit « Les jours rallongent, on sera arrivé à la Moselle avant la nuit.. » Et bien non, à la tombée de la nuit, peu après la traversée d’Andilly, il y avait deux extra-terrestres avec un canoë pas mal dégonflé (les ronces ou les barbelés ?) échoués à 10 km de la voiture déposée en amont à Trondes et encore à 15 km de celle déposée en aval au confluent du Terrouin et de la Moselle… Heureusement, qu’un peu plus tard, une succulente soupe à choux (ça ne s’invente pas !) attendait nos deux extra-terrestres.
En résumé, nous on a pas mal galéré, mais il y en a qui ont dû bien se marrer :
– Les habitants de Sanzey qui ont vu deux zouaves à plat ventre sur le pont du village, la tête en bas, en train d’essayer de récupérer un canoë coincé en dessous…
– Les grues cendrées dérangées par deux pingouins traînant un canoë entre un ruisseau débordant et une marre au milieu d’un pré..
– les colverts que j’entend encore ricaner pendant qu’on était bloqués sous des arbres, ne pouvant plus ni avancer, ni reculer…
– la poule d’eau qui nous a vu scier un tronc de 30 cm de diamètre avec une lame de scie de 31 cm de long pour réussir à progresser de 50 mètres avant de devoir pagayer à reculons pour pouvoir ressortir du ruisseau à l’endroit même où nous avions embarqué une demie-heure plus tôt…
Voilà, le « haut Terrouin » : fait. Il reste maintenant à explorer le « bas Terrouin », de Avrainville à la Moselle. Là, c’est sûr, « c’est large et navigable » m’a t’on dit…
Alors, si le cœur vous en dit..
Marie Noëlle alias Mary Crocket
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