L’objectif de ce raid à ski était de découvrir un petit coin du Valais qui se trouve au fond de la vallée de Tourtemagne, une toute petite vallée parallèle à celle de Zermatt.
Il y a là une belle collection de sommets faits pour le ski : Barrhorn, Brunegghorn, Bishorn enfin tous des trucs en « horn » quoi….
Mais pour accéder à ce petit paradis, il faut prendre de la hauteur et rejoindre le monde de l’altitude et des neiges éternelles…enfin peut être plus éternelles pour longtemps à en juger le paysage que nous découvrons lorsque le jour se lève. Nous sommes fin Avril à pratiquement 2 000 m. d’altitude et Marie Noëlle démarre la rando en claquettes, c’est dire ! Avec le réchauffement climatique, il serait vraiment temps de déplacer le 1er Mai au mois de Mars.
Mais avec l’altitude les conditions s’améliorent et après un petit arrêt Pipji (c’est le nom du sommet on n’y peut rien..) nous arrivons au premier refuge, gardé ça tombe bien car il fait soif…C’est fou ce qu’on peut picoler en ski de rando !
En raid à skis de refuge en refuge, si tout se passe normalement (ce qui était le cas aujourd’hui) on est au refuge dès le début de l’après midi et bien que les horaires du repas du soir sont généralement calqués sur ceux d’une maison de retraite, tout un après midi sans rien faire, c’est long. Alors toutes les idées sont bonnes : se faire bronzer, écluser des bières, faire une sieste ou bien dans le genre moins violent bouquiner les quelques revues vieilles de plus de dix ans qui trainent dans le refuge.
C’est au moment ou j’essayais de m’intéresser à un article écrit en suisse allemand sur le fonctionnement de l’hydraulique d’un barrage du Haut Valais dans les années 50 que je captai la conversation d’un groupe de français assis à la table à côté et qui avait pour le lendemain le même objectif que nous à savoir le couloir ouest du Barrhorn.
– Je crois que ça va être très dur
– Moi je crois qu’il va faire plus de 52 ou 53 !
– De toutes façons, ça m’étonnerait que ça passe à gauche…
Oulà ! L’inquiétude me gagne ! Effectivement, la longue période de sècheresse qu’on a connu a bien durcit la neige mais je croyais avoir lu que le couloir en question ne dépassait pas les 40 degrés de pente, par contre c’est vrai que le topo mentionne qu’il faut rester à droite….
En tendant un peu plus l’oreille, j’apprends que la conversation portait en fait sur les prochaines élections présidentielles, ouf…
Le couloir en question sera finalement descendu sans encombres le lendemain en inaugurant d’ailleurs une nouvelle technique pour tester l’état de la neige, le largage d’objets divers (bâtons, nourriture,..) pour décider du meilleur moment pour tenter la descente. Une technique couteuse et pas très écologique mais qui apparament est du goût de certains de nos membres.
Ce matin nous faisons partie de « la Suisse qui se lève tôt » avec comme slogan « monter plus pour skier plus » car aujourd’hui on grimpe sur le dos du Brunegghorn et ensuite on change de refuge.
Bizarrement, la plupart des skieurs présents au refuge hier soir ne semble pas se diriger vers ce sommet pourtant classique mais nous laisse dans notre solitude au milieu d’un glacier immense. Il faut dire qu’avec le concert de ronflements qu’on leur a mis cette nuit (une de nos meilleures prestations depuis longtemps) je comprends qu’ils cherchent à nous éviter et finalement ce n’est pas plus mal.
Cette ascension, à plus de 3600 m. tout de même, est l’occasion pour moi d’essayer tour à tour les gants de chacun des membres de l’équipe, les miens ayant préféré rester à la maison, c’est leur droit le plus strict.
Le début d’une chaude après midi d’avril nous voit donc arriver au refuge de Tracuit. Le terme « Tracuit » est sans doute une déformation de « très cuit » qui illustre à merveille l’état dans lequel on se trouve après la remontée sous le soleil des 300 mètres de dénivelés sous le refuge.
Le refuge affiche complet et pourtant notre groupe bénéficie de deux couchettes par personnes et nous remarquons que tous les autres skieurs dans le dortoirs vont se coucher avec leur piolet, leurs crampons ou tout objet qui pourrait servir à exterminer son prochain, ce qui prouve bien que notre réputation de ronfleurs, ou plutôt de ronronneurs, nous a précédé.
Le lendemain, un « plus de 4 000 » est au programme, le Bishorn. Une efficacité remarquable dans l’engloutissement du petit déjeuner et un rythme soutenu à la montée nous permet d’être au sommet avant l’arrivée du mauvais temps et avant nos compagnons de dortoirs qui semblent avoir mal dormi.
Il s’en suit une descente de rêve, pratiquement 2 000 m. de dénivelé, le début sur une petite poudreuse tombée dans la nuit, la suite sur une neige juste un peu rissolée comme on les aime, le tout dans un décor haute montagne des mieux imités, on s’y croirait !
Les derniers virages se font sur les crocus, ça y est nous sommes en Mai et la saison se termine, il est temps de rentrer repiquer les salades.
Pour avoir des infos un peu plus sérieuse sur ces sorties :
– Pipjilicke
– Barrhorn
– Brunegghorn
– Bishorn
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