Freerando : un terme à la mode dont la définition ne fait pas l’unanimité même au sein d’Oxygène mais le principe général est d’utiliser conjointement, l’accès facile en altitude que permettent les remontées mécaniques des stations de ski, et du matériel de ski de randonnée qui permet de s’échapper de ces domaines. L’objectif avoué est clairement de privilégier la descente.
Notre camp de base était le centre de montagne l’Arméra au bas de Valmeinier en Maurienne, idéalement situé pour des départs tant d’un côté que de l’autre. En plus on y mange très bien et le personnel est fort sympathique, une adresse à retenir.
Lorsqu’on pratique le freerando, on utilise le domaine skiable une partie du temps lors de l’approche ou du retour, le contraste peut parfois être violent entre la cohue des pistes et des remontées mécaniques et la solitude ressentie dès qu’on a progressé de quelques centaines de mètres en peaux de phoques.
Mais ici sur ce domaine de Valmeinier-Valloire, en pleine semaine de vacances scolaire, nous n’avons pas ressenti ce stress lié à la foule sur les pistes et au sur-dimensionnement des infrastructures. On a pu profiter de pistes très agréables où il est possible de skier vite (et bien 😉 et des remontées sans queues interminables. Il y a même encore de bons vieux tire-fesses simples mais efficaces.
Le domaine de Valloire-Valmeinier est très étendu et s’étend sur globalement 3 vallées : la Neuvache, la Neuvachette et la Valloirette. Mignon, non ? Mais ce qui est très intéressant dans ce domaine c’est la faible densité d’installations et de pistes par rapport à l’immense superficie accessible par simple gravité : bref un paradis pour le freeride !
Même si ces 3 vallées sont desservies par des remontées mécaniques, cela ne concernent que la partie aval de ces vallées, au nord donc puisque les 3 cours d’eaux coulent vers la Maurienne. Cela signifie donc que la partie amont de ces 3 vallées est vierge de toutes installations et bien fournie en objectifs de ski de rando, d’autant que le massif des Cerces, paradis du ski de rando s’il en est, est juste en bordure.
La première journée fut consacrée à une remise en jambe freeride pour la plupart avec la découverte de beaux itinéraires encore couverts de poudreuse alors qu’il n’avait pas neigé depuis une semaine. On est loin de la vallée de Chamonix où « la poudreuse tombe tracée« .
Le lendemain fut proposée une sortie à tiroir : le col des Marches, une petite sortie de 500 mètres de dénivelé accessible à tous, puis pour les motivés une remontée de 300 mètres dans le soleil de l’après midi pour descendre la très belle face sud-ouest du Petit Mont Fourchon, 800 m. de beau ski sans traces.
Le jour d’après ce fut Pissine, ou plus exactement le passage de la Pissine, en boucle avec un accès par Valloire et un retour par la vallée de la Neuvache, une longue ballade, sauvage mais sans difficulté où nous n’avons pas vu âme qui vive et qui nous a fait rentré bien après la fermeture des pistes.
Sur les conseils de notre hôte, l’objectif du lendemain fut la Pointe de la Sandonière qui, de loin, ne paye pas de mine mais qui est un vrai sommet bien individualisé d’où part une magnifique combe orientée sud-ouest, bien raide au départ, mais recouvert ce jour-là d’une moquette 3 étoiles. Comme on n’en avait pas assez (la montée depuis le sommet du télésiège des Inversins demande un peu de sens de l’itinéraire mais est relativement rapide), on a changé de versant pour aller se faire une descente du soir depuis la crête dominant le plateau de Péré. On est encore rentré bien tard…
Après une journée de break sur piste et hors piste pour refaire un peu les cuisses des moins aguerris, on s’est dit que ce serait pas mal de finir par un « beau truc ». Et dans le genre il y avait Roche Noire qui nous faisait de l’oeil depuis un certain temps mais Roche Noire c’est loin et c’est haut (3067 m.). A cette époque de l’année ce beau sommet bien individualisé s’atteint par une belle bambée de plus de 1400 m. de dénivellé et surtout une distance de plus de 10 bornes depuis le premier accès routier ! C’est là que le freerando devient intéressant car, en étudiant bien la carte, on s’est rendu compte qu’il devait être possible d’atteindre Roche Noire avec seulement 1 000 m. de dénivelé et une distance somme toute raisonnable.
Le lendemain nous voilà donc à traverser une bonne partie du domaine skiable en passant d’une remontée à l’autre pour aller chercher le téléski du Grand Plateau qui doit nous emmener juste en face de Roche Noire. Les téléski c’est sympa, mais des fois ça tombe en panne et celui-là, pour nous embêter, avait décidé de le faire ce matin. On reste donc une éternité pendues à nos perches à l’arrêt en réfléchissant à un plan B…
– Ben, vous avez des peaux de phoques bandes de couillons ! Vous n’avez qu’à monter à côté du téléski !
– Oui, sauf qu’il est aussi long que la distance de la Terre à la Lune et que personne dans le groupe n’a autant de poumons que Kilian Jornet, donc la seule solution est d’attendre…dans le vent froid.
Le bougre a fini par se remettre en route et on se retrouve sur le Grand Plateau avec face à nous Roche Noire. Mais de lui à nous, la profonde vallée de Neuvache. C’est parti pour une belle descente sans trace (comment est-ce possible ?) jusqu’au fond de la vallée. Roche Noire est désormais 1000 m. au dessus de nous.
Au bout d’une longue mais tranquille ascension, l’ensemble de notre petit groupe débouche sur ce magnifique belvédère d’où la vue va du Mont Blanc au Viso ! Il est tard (p… de téléski !) il faut vite descendre si on veut une neige acceptable.
Mais, oh surprise, alors qu’il n’a pas neigé depuis plus de 10 jours toute la combe de la Vache par laquelle on a décidé de redescendre est encore couverte d’une fine poudreuse ! Et bien sûr nous sommes seuls et il n’y a aucune trace.
On décide d’aller fêter ça au tout nouveau et splendide refuge de Terre Rouge qui donne des idées à certains de prochains raids entre Maurienne et Cerces mais c’est une autre histoire…
Aujourd’hui encore on va rentrer bien tard et c’est à pied – mais vous êtes des randonneurs oui ou non ? – qu’on rejoindra le centre de l’Arméra.
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