Barbec improvisé à la cabane du Poteau
Pas de doute on est dans les montagnes du Jura, ça monte et ça descend mais quel plaisir de rouler sur ces routes sans circulation ou ces portions de sentiers avec comme bruit de fond le son des clarines.
Jusque vers la fin d’après midi, tout le monde a une sensation de journée presque cool, il ne nous reste plus que quels kilomètres : « une belle montée d’abord sur du goudron puis qui se termine sur un sentier ».
- Oh, vous montez par là ? nous disent deux anciens venus lâcher leur troupeau dans les pâtures.
On comprendra un peu plus tard leur étonnement quand on poussera nos frêles montures dans 20 cm de boue bien épaisse, mais rien ne nous empêchera d’atteindre ce « refuge du poteau » repéré sur une carte quelques mois plus tôt, d’autant qu’on a promis aux gamins d’y improviser un « repas trappeur » sous les étoiles.
L’endroit, situé juste à la frontière suisse, est encore mieux que ce qu’on pouvait pressentir sur la carte et pour couronner le tout, en plus du désormais quotidien concert de clarines on aura droit à un solo de cor des Alpes dans le lointain, c’est comme ça les cabanes 3 étoiles !
Croûte au fromage à la Chaumette sur fond de Mont Blanc
Après une interminable et jouissive descente sur la vallée de Joux, c’est le tour du col du Marchairuz qu’on redoutait un peu avec les gamins.
Dans le col, les gamins se font adopter par Marie et Jean Paul, faute de pouvoir être épaulés par leurs mères, scotchées à la route par le poids des charettes. Agathe en rajoute une couche en posant la même question tous les 500 m : “Maman, t’es dernière ? ”. Un rien agaçant…
Mais finalement comparé à ceux des jours passés, ce col du Marchairuz n’est pas bien méchant et on se retrouve assez rapidement en haut de la combe des Amburnex, autrement dit au « paradis jurassien ».
Le parcours de la combe est un vrai bonheur, tout en douceur. L’arrivée à la ferme de la Chaumette est aussi un grand moment puisque le Mont Blanc nous apparaît enfin dans le lointain.
A l’eau !
Une demi-étape aujourd’hui puisque il n’y a qu’à se laisser rouler jusqu’au bord du lac Léman où nous attend un gros bateau à roue de la marine suisse pour nous faire traverser cette grosse tâche bleue qu’on voyait sur nos cartes depuis le départ.
Le camping d’Ivoire nous tend les bras, ainsi que les restaurants du bord de lac, pourquoi aller plus loin ?
Un Chablais millésimé
C’est souvent le cas dans les longs repas de famille, les enfants ne restent pas à table jusqu’au bout, il en va de même pour le SMB. Les deux dernières étapes s’annonçaient trop pimentées pour leur jeune âge, ils resteraient donc avec leurs mamans au bord du lac.
Bravo les petiots, chapeau les mamans !
On les attendait ces deux étapes, on les redoutait un peu aussi car c’était les plus difficiles à préparer, pas facile de traverser un bout des Alpes en travers, en suivant une vague ligne droite sans monter et descendre sans arrêt : 100 bornes et près de 3 000 m. de dénivelé en 2 jours, ça cause… et puis les gamins ne sont plus là (heureusement pour eux, les pov’gosses !) donc personne à attendre, des pauses plus courtes…
C’est aussi pendant ces deux jours que le matériel va se mettre à nous lâcher, enfin quand je dis le matériel il s’agit plutôt du vélo de Jean Paul (sans doute acheté à la CAMIF ?), les pneus dans un premier temps, le dérailleur par la suite, sabotage ?
On en a certes bavé pendant ces deux grandes journées mais quels paysages ! Et puis, le Mont Blanc commence à nous faire de l’oeil de temps en temps…
La montée vers l’auberge de Bionassay par 30° à l’ombre met les forçats du mollet à pied sur quelques mètres malgré l’aide inespérée des gamins qui se ruent sur les vélos pour les pousser. Les tee-shirts techniques ne sont plus que des serpillères trempées, les roues crevées des charrettes ne sont même plus changées… Il est temps que ça s’arrête !
Une montée à Tête Rousse cul-sec !
A ce stade, on aurait aimé une pause, une sorte de trou normand, avant d’attaquer la suite mais c’était sans compter sans une météo qui s’annonçait exécrable pour les jours à venir, il fallait donc enchainer.
Depuis le début de cette histoire, il est beaucoup question d’autonomie. Mais elle prend une tournure particulière à Bionassay. Thierry, sans doute encore très ému par le décès de Farrah Fawcet 1 l’idole de sa jeunesse, se prend subitement pour Charlie et confie chaque jour aux filles une mission différente. Du côté des dialogues, ça donne à peu près ça…
« Allo les filles ? Vous pouvez nous amener notre linge propre et le matos de montagne à Bionassay et remporter nos vélos boueux ? »
« Salut les filles, il nous faudrait des vivres de courses avant midi car finalement on tente le sommet demain. Vous avez de quoi noter ? »
Sauf qu’il a oublié un détail : dans la série, les Drôles de Dames n’ont pas 4 gamins à gérer, ont des voitures de sport pas un espace en manque de reprise et sont rarement en pyjama quand Charlie les appelle !
Qu’à cela ne tienne, les filles s’exécutent du mieux qu’elles peuvent, faisant chauffer, au propre comme au figuré, l’embrayage de la voiture de Marie-Noëlle. Et oui, même en voiture, la montée vers Bionassay, c’est pas du gâteau… Qu’est ce qu’on ne ferait pas pour qu’ils soient autonomes nos montagnards !
C’est donc chargés comme des mules qu’on quitte la douceur de Bionnassay pour se hisser jusqu’au glacier de Tête Rousse sous l’œil goguenard des bouquetins.
Une fois les tentes montées au bord du tout petit glacier de Tête Rousse, on ne résiste pas au plaisir d’aller goûter le menu du sympathique refuge qui se trouve tout à côté.
Un(e) Mont-Blanc pour terminer ?
Ah le dessert, enfin !
Tout le monde se lève pour… Mont-Blanc, Mont-Blanc… oui mais à minuit et demi, ça fait bonne heure ou encore tard on ne sait plus très bien… On commence déjà par avaler une montagne interminable de rochers (hum…) pour enchainer ensuite par de la glace ou plutôt du sorbet, pas très digeste tout ça, surtout en pleine nuit, certains en auront même la nausée et puis il y a la grande arête, pas celle du poisson, celle des Bosses, c’est plus long, plus aérien et enfin, comme une cerise sur le gâteau, le sommet.
C’est généralement au dessert qu’on raconte des histoires plus ou moins drôles, celle-ci à le mérite d’être vraie : alors que nous savourions le plaisir d’être au sommet, plus exactement on reprenait notre souffle avant d’attaquer fissa la descente avant que le mauvais temps arrive, un alpiniste étranger, visiblement d’Europe centrale, arrive à notre hauteur (4810 m. tout de même !) et nous demande si c’est bien le sommet du Mont Blanc. On a levé la tête vers le ciel comme pour chercher quelque chose de plus haut, puis on lui a dit que oui. Il avait l’air presque déçu…
Après une étape pareil, ce n’est pas étonnant de se sentir un peu lourd et d’avoir envie de dormir sur la table, au Goûter (le refuge bien sûr, vous suivez ?), on en avait tous envie, certains l’on fait…
Le long « festin » de près de 15 jours se termine, il n’y a plus qu’à se « laisser rouler » jusque dans la vallée, faire une bonne nuit et rêver, rêver à tout ce qu’on vient de vivre et à tous ces projets qui nous attendent.
BONUS : Le topo corrigé du SMB, kilomètre après kilomètre, prêt à déguster, il n’y a plus qu’à le réchauffer…
- Pas de bol pour elle, elle est morte quelques heures avant un certain Michael J, qui lui a un peu volé la vedette…, ↩
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