Il était une fois, un jour de Pentecôte, dix enfants 1 qui se trouvaient fort dépourvus.
Il faut dire qu’en ces temps reculés, le Cardinal Raffarin avait fait placarder dans tout le royaume :
« A la Pentecôte, tu travailleras,
Mais tes enfants à la garderie tu mettras,
Sinon, tes vieux, mourir de chaud, tu verras… »
- “Et si on allait dans les Vosges ?” Dit Théo le plus âgé
- “Ouais super !” S’exclama la petite troupe
Et les voilà partis….
Après une très longue route, ils se reposèrent, fatigués, au bord d’un étang peuplé de grenouilles qui coassaient (elles n’ont que ça à faire les grenouilles, coasser..).
Soudain ils furent terrorisés par une voix stridente qui sortait de derrière les grands sapins noirs.
- “Eh ! Qu’est ce que vous faites au bord de môôôn nééétang ?”
C’est alors qu’ils virent apparaitre une jeune fille à la chevelure blonde avec à sa droite un âne et à sa gauche un lama.
- “Au secours, la dame blanche !!!” s’écria Flavio qui avant de partir avait fait des recherches sur internet afin de se constituer un petit dossier sur la région qu’ils allaient visiter. Il avait trouvé un article sur la Dame Blanche du Rosemont, persécutée jadis par les suédois et dont le fantôme hanterait encore la région.
- “Ma che sei stupido Flavio, non è la Signora Bianca, perché non il Gobbo della Notre Dame finché sei!” lui répondit Paulo.
- “Bon qu’est ce que vous voulez les gâaars ?” leur demanda Jessica, car la jeune fille mystérieuse s’appelait en fait Jessica 2
Les enfants avaient du mal à la comprendre. En fait sans s’en rendre compte, leur long voyage les avaient amené par delà le Pertuis de Comté dans une région où la langue était légèrement différente de la leur.
- “On veut aller dormir dans la montagne” s’écria Lucas enthousiaste
- “On pourrait les emmener” déclara l’âne Désiré
- “Non mais tu as vu le temps qu’il fait, je vais salir mes bottines !” rétorqua Kalao le lama
Effectivement, les pauvres enfants n’avaient pas de chance avec le temps, en cette fin mai, l’automne pointait déjà le bout de son nez avec son cortège de pluie, de vent et de froid.
- “Si vous êtes courageux, on peut aller manger à la ferme auberge du Lochberg et dormir au refuge du Baerenkopf” déclara Jessica
- “Mais dans quelle langue parle-t-elle” demanda Marion qui avait commis l’erreur de ne pas faire Allemand première langue au collège
- “Est ce que c’est très loin ?” demanda Victor en baillant
A peine le temps de bâter âne et lama et notre petite troupe est déjà en marche en direction de la montagne.
Après être passé au Plainot, notre petite troupe arrive au col des sept chemins.
- « C’est encore loin » gémit Victor
- « Encore un ptit coup de cul, et on y est » crie Jessica
- « C’est quoi toutes ces fleurs avec des clochettes mauves » demande Paul
- « Digitalis Purpurea, plante toxique » répond Flavio
- « Ben oui, c’est des digitâââles » confirme Jessica
- « C’est pas très malin de planter des fleurs toxiques sur le bord des chemins » fait remarquer Lucas
En fin d’après midi, les enfants arrivent enfin au refuge du Baerenkopf (la tête de l’Ours). Le soleil brille à nouveau, l’endroit est superbe. Le refuge tout en bois est très ancien et a servi jadis de poste frontière lorsque l’Alsace était allemande.
- « Est ce que c’est ici qu’elle habite la Dame Blanche ? » demande Paul
- « Mais non, allez ne vous endormez pas, ce n’est pas là qu’on mange. Il faut redescendre à la ferme du Lochberg, on mangera là-bas » dit Jessica
- « Est ce que c’est loin ? » demande Victor
- « Est ce qu’il y aura des glaces ? » demande Sacha
Un peu plus tard la petite troupe redescend donc au Lochberg et après avoir été dire bonjour aux cochons se met à table devant des plats de victuailles qu’on ne trouve que « sur les hauts ». Désiré et Kalao attendent bien sagement à l’extérieur en broutant une bonne herbe bien grasse même si le brave Kalao n’est pas bien rassuré de se retrouver si près de ces grosses bestioles toutes roses que sont les cochons.
Repus et quand même un peu fatigués, la petite troupe remonte, à la nuit tombante, à la cabane du Baerenkopf. Rapidement tout le monde s’endort dans les adorables petites couchettes en bois qui se trouvent au premier étage du refuge. Paulo et Flavio découvre une chose fantastique et insoupçonnée : la nuit, il fait noir !
- « Debout, c’est le matin » s’écrie Sacha
Effectivement c’est le matin et même si dehors il pleut il faut quitter ce refuge et après avoir été déguster un petit déjeuner pantagruélique au Lochberg il faut reprendre la route. Kalao et Désiré ne semblent pas trop déstabilisés d’avoir passé leur première nuit loin de leur étang.
La pluie tombe régulièrement, la montagne vosgienne est quasi déserte, un jeune renard s’enfuit dans les hautes herbes, étonné de voir autant de monde sur les sentiers de bon matin..enfin il est quand même 11 h. mais il fait tellement gris qu’on a du mal à croire qu’il est si tard…
Le sentier est très étroit et c’est un peu difficile pour les plus petits, les animaux, les charrettes en tout genre et celles et ceux qui les poussent mais la caravane progresse lentement.
A la « Roche du Serpent », la vue sur la vallée n’est pas au rendez-vous mais uniquement un brouillard épais et froid qui contraint les plus frileux à enfiler des chaussettes en guise de gants mais la troupe continue son chemin.
Au col du Chantoiseau, un petit abris permet d’effectuer une petite halte. La cabane est toute petite et il faut la partager avec un couple de randonneurs à pied et un petit groupe de motards sympathiques. Sympathiques car dans la descente sur l’abri du Chantoiseau et à l’approche des enfants, ceux-ci ont préféré couper leur moteur et descendre en roulette sans faire de bruit, c’est suffisamment rare pour être signalé !!
Il ne reste plus qu’à descendre un long chemin carrossable pour rejoindre tout en bas dans la vallée l’étang où Kalao et Désiré vont pouvoir se reposer de cette longue randonnée.
- « On n’a même pas vu la Dame Blanche » regrette Lucas
- « On n’est même pas sûr qu’elle existe » lui répond Paolo
Le soir lorsque les enfants partiront, Désiré se mettra près de la porte et poussera pendant de longues minutes des braiments qui résonnèrent jusque dans le fond de la vallée.
« Eh les enfants, revenez me voir un de ces jours » semblait leur dire Désiré.
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