Le TDG est un itinéraire qui fait tout le tour du Val d’Aoste en passant par les montagnes, pour le parcourir en entier il faut raisonnablement deux bonnes semaines même si le record sur ce qui est aussi un ultratrail ultra-dur est de même pas trois jours.
Notre objectif était plus modeste puisqu’il s’agissait d’en faire la moitié nord, ce qui s’appelle aussi la Via Alpina n° 1. Un itinéraire splendide qui traverse une montagne encore vivante et habitée et qui offre des vues magnifiques sur ces Géants que sont le Mont Rose, le Cervin, le Grand Combin et puis en guise de final les Grandes Jorasses et la face sud du Mont Blanc.
Le projet a plu, tellement plu que c’est un groupe de 16 randonneuses et randonneurs qui se retrouve au départ du trek dans l’étroite vallée du Lys non loin de Gressoney, la vallée la plus à l’Est de la région autonome du Val d’Aoste. Il n’est pas loin de 13h lorsqu’on attaque la première étape. Pourquoi si tard ? Tout simplement parce que trouver un hébergement pour 16 personnes n’est point facile surtout quand on s’y prend un peu tard. On a donc passé la nuit précédente à l’Hospice du Grand St Bernard, descendu au camping de St Oyen poser nos tentes pour la dernière nuit, poussé jusqu’à la gare d’Aosta où on a laissé nos voitures, pris le train jusque Pont Saint Martin, sauté dans le bus qui monte vers Gressoney, ouf !
On a donc 1300 m. de dénivelé à faire dans l’après midi, avec un col à 2800 m. à passer. Une belle entrée en matière qui donne le ton de cette semaine en montagne. L’après midi est déjà bien entamée quand on franchi le col Pinter et il reste encore une longue descente jusqu’au gîte, on ne va pas manger de bonne heure ce soir…
Effectivement, les derniers arriveront après 20h au magnifique gîte du Vieux Crest mais l’accueil est vraiment au top, le repas succulent et nos hôtes plus qu’arrangeants.
Le deuxième jour commence sous un soleil magnifique qui ne nous quittera quasiment pas de la semaine. Notre étape commence par une descente, enfin presque, car pour rejoindre la vallée de Champoluc on s’offre un long sentier balcon avec quelques montagnes russes bien corsées. Une fois dans la vallée, une longue remontée nous attend pour atteindre le refuge du Grand Tournalin. « Pasta ou Minestrone » nous demande la gardienne, cette question va se répéter presque toute la semaine, autant dire qu’on aura mangé comme des rois pendant ces 7 jours.
Après les 1100 m. de la veille, c’est une étape plus cool (900 m. de D+) qui nous attend pour ce troisième jour. Avec un premier col, le col de Nannaz où nous n’en verrons aucune d’ailleurs, suivi du col des Fontaines (pareil, aucune fontaine) qui nous permet de basculer sur la vallée de Valtournenche qu’on rejoint par une longue descente. De là une bonne grimpette nous attend jusqu’au refuge Jean Barmasse. « Minestrone ou pasta ? »
Le quatrième jour s’annonçait costaud, il le sera ! 3 cols à passer, 1400 m. de D+, 16 km de déroulé, des sentiers balcons où il ne faut pas se la coller. Heureusement, la météo est parfaite et l’entraide dans le groupe marche à fond, les jeunes aident celles et ceux qui ont le plus de mal mais tout le monde est content d’arriver pour prendre une bonne douche…froide mais surtout de pouvoir se mettre à table et surtout s’allonger…enfin.
Pour le cinquième jour, le projet initial était de faire deux étapes en une, mais plus on avançait plus ça semblait impossible. En effet vouloir faire, le même jour 1600 m. de dénivelé sur 25 kilomètres était un peu prétentieux. Au fil de la journée, un plan B moins costaud, avec peut être même une option taxi pour une partie du groupe, s’échafaude petit à petit. Que ne faut-il pas faire pour motiver le groupe…
Le col de Vessonaz à 2800 m. d’altitude nous permet de basculer sur l’interminable descente dans la Valpelline. Un raidillon inattendu (faudra apprendre à lire une carte 😉 et bien costaud attaque un peu le moral du groupe avant d’entrer dans le village d’Oyace ou l’orage éclate juste à notre arrivée « chez Cocco », le seul gîte de la vallée. Le plan B envisagé doit nous permettre de shunter le col de Brison mais une bonne dizaine de kilomètres reste encore à parcourir, il est plus de 16h., l’orage persiste… »allo, taxi ? »
C’est donc grâce à deux rotations de minibus qu’on acheminera tout notre groupe jusqu’au dortoir de Ollomont, un petit village au passé minier dominé par les cimes du Mont Vélan et du Mont Gelé.
6ème jour. Le départ est bien tardif car il fallait attendre l’ouverture de l’épicerie pour acheter de quoi casser la croûte pour une journée qui s’annonce sérieuse avec 1400 m. de D+ et un bon 17 km de déroulé et en plus il faut garder un peu de force pour monter les tentes car ce soir on dort en camping.
Malgré que le sentier forestier soit monstre raide, on arrive à garder un rythme régulier et c’est presque étonnés qu’on arrive au refuge Champillon pour le piquenique de midi. Alors qu’on a vu très peu de monde les jours passés, la terrasse du refuge est bondée. On comprend vite pourquoi en jetant un coup d’oeil vers le bas, une route goudronnée permet de s’approcher à moins de 45 minutes du refuge et on a l’impression que la moitié des habitants du Val d’Aoste s’est donnée rendez-vous ici. Il faut dire que les odeurs qui émanent de la cuisine sont plutôt tentantes..
Le col de Champillon est vite franchi et on aperçoit tout en bas dans la vallée du col du grand St Bernard notre camping. Il faudra encore 3 bonnes heures pour y arriver. On monte vite les tentes avant l’orage et après un super repas préparé par nos hôtes, on regagne nos tentes pour la dernière nuit.
Est ce l’ambiance du camping, la météo incertaine, le dénivelé annoncé, une mauvaise nuit sous la tente, toujours est-il que le groupe se réduit un peu pour cette dernière étape qui effectivement s’annonce costaud : 22 km, 1600 m. de D+ et le col le plus haut de la semaine, à presque 3000 m. à franchir.
Le début de l’étape se fait gentiment en traversant des hameaux tous plus mignons les uns que les autres, Cerisey, St Léonard, Mottes, Merdeux et puis on s’enfonce dans une longue vallée, l’orage menace, là-bas il pleut, heureusement pas ici. A la mi-journée le col de Malatra, la porte d’entrée dans le Val Ferret semble encore bien loin. Le ciel est de plus en plus sombre et on ne voit vraiment pas où il peut y avoir un col dans cette longue arête rocheuse.
Finalement on aperçoit une sente très raide qui mène à une toute petite brèche au milieu d’un paysage bien minéral, Malatra ! Quelques câbles et pédales aide au franchissement et de l’autre côté c’est de nouveau une longue descente qui nous attend. Le ciel se déchire, les Grandes Jorasses sont devant nous et un peu plus au sud ouest l’impressionnant versant sud du Mont Blanc.
Une courte pause au refuge Bonatti où nous rejoignons la foule du Tour du Mont Blanc nous fait prendre conscience de la chance qu’on a eu de rencontrer très peu de monde durant cette semaine. Une descente quasiment en courant nous permet d’attraper de justesse une des dernières navettes qui nous emmène vers Courmayeur et de là en bus vers Aoste, point final de cette superbe semaine dans les montagnes valdotaines.
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