Depuis cet automne Oxygène a ouvert un pôle compétition, il était grand temps. Pour l’instant ce pôle ne comprend qu’un seul compétiteur qui tient d’ailleurs à garder l’anonymat pour sa famille, ses voisins, son employeur également, nous l’appellerons donc Bob …
Nous avions donc inscrit Bob (à son insu) à la descente du Lauberhorn à Wengen qui compte pour la coupe du Monde. Pour qu’il ne se doute de rien on avait maquillé l’affaire en week-end Freeride.
Dès le vendredi soir notre PC course était installé au Dowtown lodge de Grindelwald que nous utilisons de temps en temps pour des stages de ré-éducation par le ski.
La journée du vendredi fut consacré à une reconnaissance de la piste de descente. S’il existait une agence de notation des pistes (du genre de celles qui nous pourrissent la vie au niveau de l’économie mondiale), le Lauberhorn obtiendrait facilement un « triple A » : 4,5 km de descente, la plus longue du monde, des courbes de fou, des passages bon raides et en toile de fond l’Eiger, c’est mieux qu’une pub pour Audi.
- Tu vois Bob, le passage à 40° entre les rochers, là il faudra aller droit et sauter
- ??? Je croyais qu’on était venu « tracer dans la peuf » ?
A défaut de peuf (denrée rare durant l’hiver 2010-2011) on a embarqué Bob s’entrainer sur la neige « tollée avec vaguelettes », rien de meilleur, une veille de coupe du monde.
- Bon allez Bob, au lit !
- Mais je croyais que c’était ripaille ce soir : « boîtes chaudes » et tout ce qui va avec ??
Samedi matin, la tension est à son comble sur le quai de la gare de Grindelwald, environ la moitié de ce que compte la Suisse comme habitants attend sagement et dans le silence le train pour monter en haut de la Lauberhorn. Il est facile de repérer la délégation Oxygène au milieu de cette foule, c’est les seuls qui ont un ARVA en bandoulière, une pelle qui dépasse du sac et … qui braillent comme des putois.
- Ca va Bob ? Tu as mis un Mars dans ta poche ? Elle est longue la descente, tu verras
Arrivés à la Petite Scheidegg, Bob s’élance pour une dernière reconnaissance, encadré par les Oxygene Girls reconnaissables à leur blouson blanc.
- Et si on allait s’échauffer de l’autre côté à Mürren, propose Bob
- OK, mais il faut faire vite, la descente commence à midi
Et voilà toute la délégation Oxygène, partie pour Mürren. On croise alors une autre proportion non négligeable de la population helvétique qui monte depuis l’autre vallée pour applaudir ses champions.
Mürren est déserte, un vrai régal pour skier. Mais tout à coup … une ombre passe en rase motte au dessus de nous, encore Xavier qui me double ? Non, la patrouille suisse et ses 4 F-5 qui passent en rase motte …
- Bob, faut y aller ça va bientôt commencer !
- Pas tout de suite, je suis sûr qu’il reste encore un peu de poudre en haut du Piz Gloria !
Il fait nuit noire lorsque Bob arrive en haut de la piste de descente du Lauberhorn. A part sous le tipi de la gare où la Suisse noie dans la bière pression sa deuxième place derrière l’autrichien Kroell, il n’y a plus grand monde qui traine. Sur la piste les filets de protection sont démontés, il ne reste plus que les traces des appuis sévèrement carvés des concurrents.
- Sois pas triste Bob, demain c’est le slalom, tu vas te refaire … bon allez, allume ta frontale, faut descendre à Grind maintenant …
Cette nuit là Bob aura du mal à trouver le sommeil, il n’est pas le seul, Lionel veillera toute la nuit derrière la porte du dortoir, une pelle à la main, bien décidé à « rectifier » les supporters (français en plus !) qui l’ont empêché de dormir la nuit précédente.
Au petit matin, coup de théâtre, ce dont on parle toujours sans l’avoir vu, nous on l’a vu. L’expression « Eh t’a pas les chevilles qui enflent ? » prend tout son sens lorsqu’on observe celles de Bob. A moins de courir louer en vitesse une pompe de ski pointure 54, il faut s’y faire, Bob ne sera pas au départ du slalom. Ce jour là, Kostelic, le croate en profitera lâchement pour monter sur le podium.
Pendant que de pauvres bougres en collant lycra s’évertuent tant bien que mal à éviter une forêt de piquets plantée à la hâte sur une piste gelée, elle même déboisée plusieurs années auparavant … le pôle compétition d’Oxygène trace des courbes dans les derniers arpents de poudreuse de la montagne de First au dessus de Grindelwald.
La compétition ça tient à peu de chose …
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