Lorsqu’il mit son clignotant pour sortir de l’autoroute à la sortie « Praye-Sion », José eut un petit sourire, le nom de cette sortie l’avait toujours fait sourire bien qu’il ne sache pas trop pourquoi, la radio égrenait Oxygen Blues un très vieux tube d’Eric Faraill, chanteur célèbre des années 20.
Son 8×8 ralentit automatiquement à l’approche d’un barrage de police, une patrouille était en train de verbaliser un véhicule dans lequel avaient pris place apparemment trois ou quatre personnes. Même si ce genre de pratique devenait rare, il restait encore des irréductibles, pourtant ça faisait quand même plus de dix ans que le covoiturage était formellement interdit.
José alla garer son 8×8 au niveau 7 du parking situé juste à côté de l’ancienne basilique, il jeta un coup d’œil distrait à la statue monumentale de Nicolas II, empereur des européens, qui surplombait l’édifice.
De l’endroit où il se trouvait maintenant la vue s’étendait très loin vers le sud, jusqu’au massif des Vosges. La ligne du TGV Mirecourt-Limoges brillait au soleil et les camions circulant en file indienne sur l’A126 ressemblaient à ces petits insectes noirs qu’on trouvait autrefois sur le sol et dont il avait oublié le nom.
Agathe, sa grand-mère lui avait raconté que quand elle était toute petite, elle s’était promené autour de la colline de Sion et qu’à l’époque il y avait encore des mirabelliers, ce qui semblait incroyable aujourd’hui puisque ce fruit était importé en avion depuis le Nord de la Finlande, une région où il n’est pas rare de voir encore la neige tomber en hiver.
Sacha, son grand-père, était d’ailleurs revenu beaucoup plus tard manifester au pied de la colline, lorsqu’on avait commencé à arracher tous les arbres. Il avait d’ailleurs été arrêté pour s’en être pris violemment à toute une escouade de gendarmes. A l’époque, une directive du ministère de la pollution durable avait exigé qu’on arrache tous les vergers de mirabelliers pour faire place aux forages de pétrole. Les « écolos » de la région qui n’avaient pas encore tous été déportés dans la réserve du Parc de la Vanoise avaient réagi en organisant des manifestations, ce qui était pourtant interdit depuis déjà pas mal d’années.
L’exploitation du pétrole autour de Sion ne datait pas d’hier puisque déjà entre 1978 et 1992, 15 000 tonnes de brut avaient été extrait entre Chaouilley et Forcelle au pied de la colline. Mais le gisement avait été jugé peu rentable, ce n’est que vers les années 20 lorsque le pétrole vint à manquer que les recherches ont repris et que l’exploitation a redémarré.
L’escalator amena José jusqu’à l’entrée du Ski Hall. La transition était brutale entre les 45° de cette fin avril et la température régulée de –2° de l’intérieur de la structure mais il aimait bien cet endroit qui lui rappelait sa lointaine jeunesse où la neige en hiver recouvrait encore les plus hauts sommets des alpes.
En arrivant, il taquina comme à son habitude Ségolène, la caissière :
– Alors pas encore en retraite ?
– Eh ne me vieillissez pas, j’ai à peine 79 ans !!
Une fois passé la porte, José chaussa ses skis, poussa sur ses bâtons et s’obligea à oublier le monde extérieur.
Des infos un peu plus sérieuses sur cette rando…
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