J7(samedi): 50 km le long de la Soca. alternance route goudronnée, chemins carrossables. Nuit à Kamno. Il y a des campings un peu tout le long apparemment.
C’est là que ça commence petit à petit à s’écarter du programme annoncé, l’effet Soča sans doute…. La Soča n’étant pas une danse brésilienne mais l’une des plus belles rivières slovènes, c’est même un fleuve mais pour l’instant c’est un torrent fougueux à l’eau couleur émeraude. Il paraît même que les studios Disney sont venus y tourner un film 1 , beaucoup moins drôle, durant la première guerre mondiale italiens et austro-hongrois se sont disputé son contrôle faisant plus de 300 000 morts.
Pour ce qui nous concerne, un détour à Bovec pour renvoyer par la poste le matos de montagne désormais inutile, une marche arrière pour cause d’éboulement sur le sentier, quelques trempettes dans la Soča nous firent arriver, bien tardivement, à Kobarid. Kobarid ou Caporetto en italien est le petit village où se déroule l’action du roman d’Hemingway, L’adieu aux armes, pour nous ça sent l’adieu aux montagnes qu’on voit disparaitre dans le lointain.
J8(dimanche): Kamno-Cepova. 25 km. Descente (routes, chemins) puis on remonte 450 m. Logement ? Mais on est en dehors du parc donc ça laisse pas mal de possibilités.
La matinée consacrée à l’exploration, à pied, d’une gorge étroite surmontée d’une impressionnante chute d’eau nous met sur la route aux heures chaudes de cette canicule de juillet. Effectivement ça descend mais il faut bientôt se résoudre à abandonner cette chère Soča, au moment où elle perd totalement son impétuosité pour devenir une grosse rivière avec même un bateau à roue qui se permet d’y naviguer. De notre côté c’est alternance de routes, de chemins, voire d’escaliers !
Comme prévu en s’écartant de la vallée, on s’écarte également des campings, un pré en contrebas d’une ferme fera l’affaire, les réchauds pallieront l’absence du resto du soir.
J9(lundi): Cepova-Col. 30 km. / 600m D+. On remonte une vallée par une petite route goudronnée mais a priori tranquille.
On commence à prendre du retard sur notre avance (!) car on a passé la nuit bien avant l’étape prévue. On est effectivement tout seuls sur une toute petite route de corniche, ça c’est plutôt bien, mais ça grimpe, ça grimpe, et il fait de plus en plus chaud.
Après une (très) légère descente on arrive enfin à Cepova où on quitte notre petite route pour prendre une piste à 12% sur 4 km !
En haut de la côte, il est midi, on a fait moins de 20 bornes mais déjà 800 m. de dénivelé ! Il doit faire pas loin de 40 degrés. Tout le monde est cuit, on n’a rien à manger, plus grand chose à boire, le suicide collectif semble imminent mais à quelques centaines de mètres en contrebas on aperçoit une auberge…
Zavod Gost Na Planoti est le nom de cette oasis au milieu de nulle part. On décide d’y manger, d’y boire, d’y remanger, d’y dormir et finalement d’y reprendre un petit déjeuner car c’est tout que nous étions capables de faire par ce dimanche après midi caniculaire.
J10(mardi): Col-Bukovje et château de Predjama (la visite devrait plaire aux gamins et peut être aussi aux grands..). 18 km / 200m. Donc a priori l’après midi consacrée à la visite du chateau. Logement ???
Ah c’est là que ça se gâte, ou plutôt que le temps se gâte. Tout avait bien commencé par du vélo cool sur des pistes agréables quasi désertes puis une splendide route en balcon.
Ensuite on fit une rencontre providentielle, 2 gars à cheval qui revenaient d’un festival de musique et remontaient là-haut dans le brouillard, nous on descendait dans le midi, le midi, c’était sans doute un jour de chance… enfin bref, les deux cowboys en question nous ont refait notre itinéraire jusqu’à la mer. Cool ! Ce que nous ne savions pas c’est qu’ils venaient de nous coller 1 000 m. de dénivelé en plus…
En fin d’après midi, nous approchions du fameux château de Predjama qui est en couverture de la plupart des guides sur la Slovénie, on avait même fini par envisager sa visite, comme c’était prévu au programme !
Malheureusement, c’était sans compter sur un orage non seulement violent mais qui dura, et qui dura,… tant et si bien que non seulement il devait être fermé vue l’heure mais qu’en plus, nous n’avions rien à manger, aucun endroit pour dormir et qu’il pleuvait encore.
Avant qu’il fasse complètement nuit on se décide à se diriger vers le camping le plus proche, façon de parler, en se disant que le fameux château risquait d’attendre encore longtemps notre visite… Au final une bonne journée avec plus de 50 bornes et presque 800 m. de dénivelé une fois de plus.
J11(mercredi): Bukovje-Kozina. 38 km dominante descente mais dans une vallée qui n’a pas l’air terrible et en plus traversée par une autoroute. A voir….
Bon pour la dominante descente, on repassera car on a beau suivre une vallée qui descend vers la mer, le relief karstique, une spécialité locale, fait que ça monte et ça descend en permanence. En feuilletant le guide de la Slovénie on s’est trouvé un objectif pour l’après midi : les fameuses grottes de Škocjan qui sont aussi en première page de la plupart des guides… un peu comme le château de la veille.
A la pause de midi, comme à notre habitude, on se choisit un bistrot qui n’a pas l’air trop fréquenté et on demande gentiment si après avoir commandé des bières -et des limonades pour les enfants- on peut manger notre pique-nique. Cette fois on nous répond en français, normal la serveuse est française et installée ici depuis quelques années, c’était sans doute un jour de chance, c’est un beau roman, c’est une belle histoire… enfin bref on a eu droit à un exposé vivant et très intéressant sur la Slovénie.
Le GPS nous permet de shunter le plus souvent possible la nationale et de progresser par de petites routes et des pistes fort agréables mais on n’avance pas très vite et on arrive donc à proximité des grottes… à l’heure de leur fermeture.
Mais c’est là, dans le minuscule village de Bétanja, au bord du très impressionnant gouffre de Škocjan, qu’on va trouver notre plus bel hébergement de tout le voyage, une vieille maison superbement refaite avec un jardin pour y planter les tentes mais chut c’est normalement interdit, parc naturel oblige.
J12(jeudi): Kozina-Piran et la mer ! 40 km de route dominante descente mais encore une fois une région pas terrible (grande banlieue de Trieste 🙁
Eh bien non. C’est ça les voyages désorganisés, quand l’endroit est bien, on reste, et c’est ce qu’on a fait et tant pis pour le jour de retard… Le programme fut chargé, le matin visite du haras des Lipizans, les fameux chevaux de l’Ecole de Vienne, et l’après midi descente sous terre pour arpenter le fameux gouffre au dessus duquel on a dormi.
Tout ça fait quand même une trentaine de bornes de vélo et un peu de dénivelé, tout en re-dormant quasiment au même endroit que la veille.
Mais bon il serait peut être temps d’arriver à la mer car d’un jour d’avance nous sommes passés à un jour de retard. Il faudra encore 2 jours à travers la région de Karst, qui ressemble pas mal à nos Causses, puis à travers l’Istrie beaucoup plus vallonnée que prévue, pour rejoindre Piran et la côte.
Le climat est de plus en plus méditerranéen, les cigales nous cassent les oreilles, le soleil et la chaleur nous écrasent.
Les côtes s’additionnent aux côtes, parfois d’un pourcentage affolant, mais la région est belle et sauvage et au détour d’un virage nous apercevons la mer… au loin.
Finalement, après une dernière côte, on se laissera descendre sur Piran, terme de notre voyage. Le compteur annonce moins de 400 km mais pas loin de 6 000 m. de dénivelé en ne comptant pas les 2 000 supplémentaires à pied pour aller au sommet du Triglav mais les gamins qui plongent dans la mer ne s’en préoccupent déjà plus…
Pour compléter ce récit il faut citer et remercier un certain nombre d’acteurs :
- L’atelier Dynamo chez qui Véro avait « emprunté » (en effet il ne s’agit pas d’une location mais d’un emprunt à prix libre ! Quoi de mieux pour s’initier au voyage à vélo) un vélo randonneur qui paradoxalement n’a posé qu’un seul problème -vite résolu- la mis en route de la …dynamo !
- Le fabricant de remorque Beecyclo qui fabrique la remorque mono-roue Beez en bois lamellé qui a ravi Fred son heureux propriétaire.
- Alain Chevalier et sa petite famille. Comme nous, il fait le tour des sommets d’Europe et on a eu la chance de se croiser l’an dernier en Roumanie ou à 3 jours près on aurait pu faire le sommet ensemble. C’est lui qui m’a incité à choisir cette voie au Triglav et c’était un très bon choix. merci Alain !
- Fabien Barret http://www.rando-slovenie.fr/, accompagnateur moyenne montagne, vosgien d’origine, installé en Slovénie et qui a pu nous fournir des infos très précises sur les conditions au Triglav quelques jours avant notre ascension.
- Camp To Camp le très connu site collaboratif sur les itinéraires de montagne où nous avons trouvé le topo de l’ascension du Triglav qu’on s’est bien sûr fait un devoir de compléter et préciser.
- On a été très bien accueillis partout en Slovénie mais s’il fallait attribuer une palme ce serait sans doute à l’auberge Turistična kmetija pr`Betanci à Betanja côté de Škocjan, l’endroit est magique, la famille d’une gentillesse exceptionnelle et la cuisine un régal !
- Enfin, on ne dira jamais assez de bien du projet OpenStreetMap qui nous a permis d’embarquer dans notre GPS une carte de la Slovénie (de toutes les Alpes en fait !) d’une précision remarquable et qui nous a permis de suivre un itinéraire original, dans la Nature et surtout le plus loin possible des routes fréquentées.
A voir également : Un petit montage vidéo relatant notre périple.
Ce voyage a reçu le prix « Carnets d’Aventures » dans la cadre du concours « Changer d’Approche« .
- le monde de Narnia ↩
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