C’est un reportage inédit qui vous est proposé dans ces quelques lignes puisque nous avons été autorisés à partager 3 jours avec des jeunes dans un camp de rééducation par le ski à Grindelwald en Suisse.
Ils sont arrivés à la nuit tombée, les fourgons ainsi que quelques voitures particulières se sont garées devant les baraquements en bois du Downtown Lodge de Grindelwald.
Ce qui frappe tout d’abord c’est le très jeune âge de certains d’entre eux, à peine 8 ans pour certains comme quoi le repérage a lieu de plus en plus tôt.
Difficile de savoir pourquoi ils sont là, les langues ne se délient pas facilement, certains évoquent une dictée avec trop de fautes, d’autres une bagarre à la cantine,…
Les jeunes sont aussitôt conduits dans un dortoir du baraquement n° 5, lits en fer superposés, pas de fenêtre seulement des vasistas (dass ist eine kleine fenêtre…), douches collectives, le ton est donné, on n’est pas là pour s’amuser….
L’encadrement est assuré par une escouade d’hommes et de femmes en blousons bleus rappelant un peu ceux que portent les gendarmes. Quelques parents sont venus également, profitant sans doute du voyage pour venir mettre au frais leur bouclier fiscal.
Le lendemain matin, réveil matinal, petit déjeuner à la cantine située dans le baraquement voisin puis c’est le départ en rang par deux pour la gare afin de prendre un train qui amène au sommet du domaine skiable. Tous les jeunes sont équipés d’un DVA qui permet de les retrouver immédiatement si l’un d’entre eux essayait d’échapper à la vigilance de ses gardiens en se cachant sous la neige.
A peine arrivés sur les pistes, les jeunes doivent immédiatement la quitter pour s’enfoncer dans la poudreuse qui se trouve au delà du domaine skiable. Plus tard c’est un exercice de saut de corniches qui leur est imposé. Le rythme est soutenu, les ordres fusent : « les bras en avant… moins vite… arrêtez-vous… pas par là ».
Même lors de la pause déjeuner, un frugal casse croûte pris à la hâte devant une auberge où le personnel d’encadrement en profite pour boire de la bière et parler fort, les jeunes ne sont pas inactifs : recherche ARVA, trous dans la neige, les exercices se suivent à un rythme soutenu.
Le lendemain matin par la petite fenêtre ( Was ist dass ?) du baraquement n° 5 on voit nettement le rideau de pluie qui tombe sur Grindelwald.
– Allez debout, en haut il doit neiger !
Sur le quai de la gare déserté par les touristes les jeunes grimpent dans les wagons sous les ordres des adultes, ils ont déjà compris qu’ils ne rentreront que par le dernier train du soir…
Une fois sur le terrain, les jeunes sont photographiés, filmés, tous leurs faits et gestes sont enregistrés, dans ce genre de « stage » l’intimité n’a pas de place.
Durant 3 jours, le rythme ne faiblira pas avec même le dernier jour, croyant l’ultime descente du séjour arrivée, c’est à pied que toute la troupe remontera sous la face Nord de l’Eiger pour aller chercher une dernière pente vierge de traces.
Une chose est sûr, après un séjour comme celui-ci, ça va filer droit dans les cours de récréation même si on peut sans doute craindre de revoir certains jeunes l’an prochain montrant ainsi que cette politique de détection précoce de la délinquance au sein du milieu skieur comporte quelques limites.
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