C’était vers les années 2010, le climat avait commencé à changer mais, aussi incroyable que ça paraisse, à la place du Grand Désert il y avait des forêts, des champs, des rivières, des villages, des villes et des millions de gens vivaient là.
Ils étaient tout au plus une vingtaine. Ils venaient presque tous de ces régions qu’on appelait alors la Lorraine, la Franche Comté. Certains venaient d’un petit pays aujourd’hui disparu, la Belgique, qu’on pourrait situer dans le sud de la Grande Flamandie actuelle.
Ils se sont tous mis en marche presque en même temps, au beau milieu du mois d’août, ils sont partis vers l’Ouest, vers l’Océan.
Un long voyage, semé d’embûches. Comme le pétrole était encore en vente libre, ils avaient pris leur voiture (eh oui, à l’époque presque tout le monde avait une voiture !). En chemin, ils furent souvent rackettés par des « mercenaires » qui leur réclamaient de l’argent pour les laisser emprunter les autoroutes qu’ils avaient pourtant payées avec leurs impôts, d’autres munis de jumelles spéciales, les voyaient arriver de loin et essayaient de leur échanger une mauvaise photo prise à la sauvette contre de l’argent, des points de permis, bref en ce temps là les routes n’étaient pas sûres du tout.
Ils avaient tous rendez-vous dans une île, Oléron Island, aujourd’hui engloutie mais qui se situe au large de l’actuelle Ségolénie.
Une fois dans l’île, ils établirent leur campement. Les plus anciens ou les plus aisés avaient des roulottes, les autres dormaient à même le sol dans des tentes rudimentaires. Au milieu du campement, il y avait un espace où la tribu se retrouvait pour manger et écouter les anciens parler de la mer. Les enfants aimaient bien écouter les histoires de celui que tous appelaient le « Commandant Alain », des histoires de bateau ou de mécanique des fluides selon son humeur, parfois pour faire rire les enfants il marchait toute la journée le dos plié à angle droit, quand une jolie fille passait devant le campement il reprenait une attitude normale mais ça personne ne le voyait…
La vie n’était pas facile sur l’île, les tempêtes étaient fréquentes et soudaines. Les animaux sauvages rodaient aux abords du camp, ragondins, écrevisses, grenouilles fluo étaient une menace permanente.
Trouver de la nourriture en suffisance pour la tribu et surtout pour Vincent n’était pas chose facile.Très vite, ils nouèrent des contacts auprès des habitants de l’île qui leur fournissaient fruits, légumes et fromages locaux en échange de petites images rectangulaires qu’ils allaient chercher dans une boite métallique cachée dans un mur, après y avoir introduit une carte en plastique et tapé un code dont eux seuls connaissaient le secret.
Toute la tribu se déplaçait en vélo, ce qui montre qu’ils étaient en avance sur leur époque. Parfois ils partaient très loin en exploration et rentraient tant bien que mal une fois la nuit tombée en chantant des chansons pour se donner du courage, les chutes n’étaient pas rares.
Et puis très vite, ils rencontrèrent ceux qui vivaient sur les dunes et qui connaissaient les techniques permettant d’aller sur la mer, ils étaient jeunes, avaient la peau burinée par les embruns, les yeux éclaircis par le soleil… Certaines femmes de la tribu n’étaient d’ailleurs pas insensibles à leurs charmes. Pour se faire remarquer, elles passaient beaucoup de temps sur la plage, marchant, courant parfois, allant même jusqu’à capturer des chevaux pour passer au grand galop, à la nuit tombée, devant le campement des « hommes de la mer ».
Ce n’était pas facile de rentrer en communication avec eux car même s’ils parlaient la même langue, ils employaient volontairement des mots différents afin de rester les seuls maitres de leur art.
Un simple morceau de corde pouvait prendre tour à tour le nom de bout, de drisse ou d’écoute sans que personne ne comprenne vraiment pourquoi, la gauche ou la droite portait singulièrement d’autres noms. Ils parlaient de « près » alors qu’on était en pleine mer, « virer de bord » ne signifiait pas pour autant qu’on était chassé du bateau, bref les débuts furent difficiles…
Mais, petit à petit, la communication s’améliora, les voiles se gonflèrent à peu près correctement même si certains persistaient encore à être « un peu trop bordé » ou au contraire « un poil pas assez », certaines embarcations se sont retournées, d’autre ont failli, il y eu souvent des « hommes à la mer » et des femmes aussi…mais globalement tout le monde survécut.
Puis un matin, sans qu’on sache vraiment pourquoi, le camp fut démonté en toute hâte et toute la tribu s’envola, était-ce par crainte de toutes ces mesures d’expulsion qui étaient dans l’air à cette époque ou simplement parce que, très loin d’ici, sur les plus hauts sommets des montagnes les premiers flocons de neige venaient de tomber ?
Un bon plan camping à Oléron : camping des Oliviers
La tanière des « hommes de la mer » : Diabolo Fun
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