(Concernant l’interprétation du titre de cet article, voir 1)
samedi 22 octobre – lesson one: on ze ferry
Tout avait pourtant bien commencé : un rendez-vous réussi à 5 minutes près à l’embarcadère du ferry de Cherbourg après 700 km de route pour les uns (2 mini-bus venus de l’est) et 350 km pour l’autre (un gars paumé dans le far west). Un soleil radieux baignait la rade cherbourgeoise. Le restau du départ nous avait même fait cadeau d’une omelette, c’est dire si les dieux étaient avec nous.
« Mercalm et Cocculine sont tes amis » avait dit le druide. Il fut écouté et les potions magiques furent prises bien avant de quitter la terre ferme. Notre équipage Sergeï, Svetlana et Evgeni nous accueillit chaleureusement à bord de l’Oscar Wilde dans un anglais impeccable plus une pinte (mon clavier fatigue : une pointe) d’accent russe. Un équipage russe ! Vodka et caviar nous attendaient sûrement à bord. Décidément, Oxygène ne faisait pas les choses à moitié. Certaines se prenaient même à rêver qu’un ferry immatriculé à Nassau nous emmenait forcément aux Bahamas …
Contrairement à ce qu’avait prédit un oiseau de mauvais augure, la traversée fut assez calme et déjà les dauphins nous accompagnaient.
Encore un signe du destin.
dimanche 23 octobre – lesson 2: strangers in the night
Point de Bahamas, le ferry accosta à Rosslare qui donna tout de suite un avant-goût de ce que peut être la météo en Irlande : grisaille à tendance humide. On s’habitua rapidement au roulage à gauche et aux rond-points à l’envers – avec les prises de courant gaéliques, il y en aurait des trucs à changer – et le convoi mit le cap à l’ouest. Enfin, le convoi … ce fut chacun pour sa peau avec une aide à la navigation nommée Catherine pour certains et une bonne vieille carte en papier nommée Michelin pour d’autres et … rendez-vous à Dingle.
Les plus chanceux furent pilotés par notre hôte local et les autres firent l’approche finale cherchant leur route un certain temps entre basses d’eau 2 et basses de boue. Localiser une maison équipée de 2 cors pendants 3 de nuit n’est pas chose aisée même en pays ami.
lundi 24 octobre – lesson 3: first contacts
Lors des premiers contacts locaux, notre accent un peu fort ne fut pas toujours compris notamment à la station service : « benzin fünf » ne passa pas très bien. C’est pourtant clair qu’on était à la pompe 5, non ?
Une période d’acclimatation s’avérait nécessaire. Le lundi était là pour ça.
Dernière minute : Thierry me dit que j’exagère et il a raison : ce jour, nous avons tout de même franchi le plus haut col d’Irlande, le Connor Pass (les chiens aboient, etc.) en voiture (bel effort) et visité l’oratoire de Gallarus où il fait sec en toute saison et qui date du 6ème siècle selon les syndicats ou du 12ème siècle selon la police. Merci pour ces précisions.
J’oubliais : nous avons aussi amené les gamins remplir leurs bottes d’eau de mer. Ils ont a-do-ré !
Rando au SuperValue, c’est à dire courses au supermarché local.
mardi 25 octobre – lesson 4: a day at ze plage
Ne pas sombrer dans l’inertie de groupe : Martine était décidée à sortir le Garage Band de sa torpeur matinale. Son portable programmé sur 8 heures nous ôta tout espoir de grasse mat’.
Mardi déjà, les fourmillements dans les jambes reprirent. L’esprit de Tom Crean, un petit gars du coin, compagnon de Shackleton en Antarctique et sa fièvre des grands espaces vierges nous animait.
Bains bouillonnants (pour l’écume pas pour la température), travaux d’irrigation sur la plage ou ascension du mont Eagle, l’extrémité de la péninsule ne manquait pas d’attraits.
Après une offrande à la déesse de la mer (une paire de lunettes de soleil), un petit groupe entreprit l’ascension du mont Eagle par la face ouest et par les murs de pierre sèche (« c’est vite dit » ricanèrent certains), les fameux «famine walls» qui datent de la famine de la grosse patate (Great Potato Famine). Et voilà qui met fin à notre minute culturelle.
Arrivés au sommet et avec une vision panoramique du paysage, nous pûmes guider le reste de l’équipe qui s’était gentiment proposé de nous récupérer en voiture.
Nos indications étaient pourtant limpides mais le message devait arriver brouillé. Une opération de télé-formation en GPS s’avéra même nécessaire – impressionnant à voir. Bref, épuisée par des allers-retours incessants, la tribu désigna Olivier pour attendre l’expédition Eagle qui se frayait un chemin à l’arrache dans une tourbière de pente.
L’expédition ne fut pas acclamée à son retour au bercail mais le moral du groupe ne semblait pas entamé.
Rando SuperValiou
mercredi 26 octobre – lesson 5: caution wet floor
Météo incertaine. Repli sur la vie aquatique : aquarium local et coucou à Fungie 4 le gentil dauphin (non Brigitte, non, pas le CD de Gérard Lenormand) de la baie. Une statue quasi-chryséléphantine (ça y est, je l’ai replacé !) du dauphin fit la joie des petits mais ce n’était rien à côté de celle qu’ils ont eu en voyant le « vrai » !
L’aquarium fut l’occasion d’affiner notre anglais : certains ont suggéré que Caution Wet Floor signifierait qu’une caution est requise pour accéder à l’étage humide … Tout cela au conditionnel car l’information mérite d’être confirmée.
Rando SuperValiou
Pub et musique traditionnelle pour les couche-tard.
jeudi 27 octobre – lesson 6: a day on the Carrauntoohil
C’est le grand jour. La fenêtre météo tant attendue pour l’ascension du Carrauntoohil qui domine l’Irlande de ses 1038 mètres semble se confirmer.
Départ dans la grisaille jusqu’aux lacs à la base du sommet. Là, l’équipe des d’jeuns nous abandonne pour un pique-nique. En approchant du sommet, le plafond se déchire et laisse apparaître un panorama parfaitement dégagé.
Rando SuperValiou
Soirée irlandaise : au menu, Irish stew suivi de ballades irlandaises interprétées avec talent par Christelle O’Garageband et le choeur (bouche bée) du GarageBand.
vendredi 28 octobre – lesson 7: Oxygene survival hike in Brandon hills
La météo avait annoncé : mostly dry with some occasional rain. South winds. South winds ? Allons au nord, on sera à l’abri ! Pas de quoi nous refroidir pour une petite promenade sur les Brandon hills en tous cas. Petite balade cool au point que j’en avais oublié mes chaussures de marche au camp de base. « Retourne donc les chercher » avait dit Thierry, « on ne sait jamais ». Voilà un conseil qu’il était bon … A croire que … mais non, je m’égare.
«Mouton à l’abri, no good for frenchies» dit un vieux dicton gaélique. Et les moutons, ils étaient où, hein ? 5
La balade à peine entamée, de gros nuages menaçants s’accumulaient sur nos têtes … et nos gentils chauffeurs faisaient promptement demi-tour pour positionner les véhicules au point d’arrivée de la promenade. Bien vu … Le reste du groupe bien motivé, avança dans le vent fort à très fort puis dans la pluie forte à cinglante.
Quant à l’état de la mer … le vent nous coucha à terre plus d’une fois et on faillit perdre Brigitte soufflée par dessus les Brandon falaises si Christelle ne l’avait pas rattrapée in extremis par les cordons de son bonnet péruvien (y’en a même qui disent qu’ils l’ont vue voler).
Thierry arriva à notre rencontre, attrapa Agathe par les poignets et l’on pouvait la voir flotter telle le drapeau d’Oxygène dans le vent mauvais.
A l’instar de la lande irlandaise, le groupe finit bien imbibé (à l’eau douce) et l’on crut l’expédition survie terminée. C’était compter sans la malice de nos chauffeurs qui nous avaient concocté une dernière animation : celle du mini-bus-en-travers-de-la-tourbière-avec-la-première-habitation-a-5-km-et-l’autre-mini-bus-coincé-derrière-et-les-gosses-trempés, on vous l’a déjà faite ?
L’heure était grave, les gamins avaient été courageux mais là c’était trop : ils étaient sur le point de craquer et certains furent même dispensés de lecture. C’est dire si l’heure était grave.
Rando SuperValiou
samedi 29 octobre – lesson 8: relaxing in Dingle
Relâche au port de Dingle, emplettes.
Bel après-midi à la plage, cerf-volant sportif (c’est dans notre nature) avec dérapages et plaquages au sol, promenade sur la grève. Pas de fait marquant aujourd’hui ? On a peine à y croire.
Ah si ! On pense avoir détecté notre Iemanja à Oxygène : regardez un peu comment elle commande aux vagues.
No SuperValiou today, on finit les restes !
Pub et musique traditionnelle pour les couche-tard (extraits). On faillit rentrer sans Thierry qui trouvait les Dinglaises bien réchauffées (Joëlle, c’est des conneries !).
dimanche 30 octobre – lesson 9: no future without Catherine
Ben voilà, c’est le départ. On croit que c’est fini, qu’il ne reste plus qu’à embarquer et hop ! Mais l’Irlandais est facétieux : il nous bloque une rocade comme ça, pour le fun, comme si on n’avait déjà pas assez de mal avec des indications en Gaélique comme Go Mall 6 ou Tog Bog E 7. Bref, la petite Focus rouge tourne en rond, cherche sa voie et finit par se retrouver dans les bouchons de Cork. Et prend une heure dans la vue. On n’était déjà pas en avance …
L’heure de l’embarquement approche et on est encore à plus de 100 km de Rossdale. La tension est palpable dans la Focus rouge : on a même coupé le CD « Best of Abba »… et les autres déjà au ferry qui nous harcèlent avec leurs portables. Marie-Noëlle en Pescarolo 8 aux nerfs d’acier fait le max pour arriver dans les temps mais l’embarquement se termine dans 10 minutes (il nous reste 40 km à parcourir). Bref, c’est cuit. Le prochain bateau part 3 jours plus tard ou alors passer par l’Angleterre puis des correspondances hasardeuses, c’est pas gagné.
On ne saura probablement jamais ce que Fred a promis à la charmante employée du check-in … 9. Toujours est-il que la Focus rouge fut autorisée à passer seulement 15 petites minutes avant de larguer les amarres. Le temps de la garer en cale, et le ferry se mit en mouvement. Tournée générale !!!
Le moral est tellement au top que le capitaine décide de diffuser la musique du film… Titanic par la Céline à son René. Quel humour ces russes !
Christian 10
Notre demeure à Dingle (très sympa et tarifs imbattables) : Carraig House
Le topo pour aller au carrantouhill : Camp to Camp
A regarder aussi: La vidéo (2 minutes) Bal(l)ade irlandaise
PS :
Cliquez donc sur les repères, il y a encore des infos essentielles !
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- à chanter sur l’air de « Vive le vent » ↩
- Si, si ça existe. La preuve, quelques citations : « … au milieu du chemin creux, une basse d’eau presque familière nous barrait le passage » (Terry John Dell). « De jour, de nuit, la basse d’eau est souvent humide » (Bridget J. O’Dael) ↩
- On approchait bien de Halloween mais ça n’a rien à voir. Voir plutôt cette ressource inestimable ↩
- Fungie est un dauphin qui a adopté librement la baie de Dingle depuis 1984 ↩
- En parlant de moutons, on a bien aimé : http://www.youtube.com/watch?feature=player_detailpage&v=D2FX9rviEhw ↩
- Ralentir ↩
- Roulez tranquille ↩
- Henri Pescarolo que les moins de 20 ans peuvent ne pas connaître ↩
- La rumeur dit qu’il y aurait un plan au lac de Garde mais bon, la rumeur c’est la rumeur ↩
- Cet article n’a pas été subventionné par Super Value, non … pas besoin… ↩
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