A Oxygene, on essaye de privilégier les circuits courts et la production locale et on s’est rendu compte qu’on allait chercher parfois très loin ce qu’on avait près de chez nous, enfin … quand il y a de la neige.
Et puis c’est vrai que pour celles et ceux qui n’ont jamais pratiqué le ski de rando, se lancer tout de suite dans les Alpes ça peut être intimidant alors cet hiver on a lancé comme activité Oxygène le « ski vosginisme » qui est la déclinaison vosgienne du « ski alpinisme », mêmes outils, mêmes techniques, c’est juste le décor qui change.
Le décor change, les hêtraies d’altitude remplacent les alpages alpins, les fermes auberges font office de refuges, les lignes de barbelés exigent la même vigilance que les crevasses dans les Alpes mais si les glaciers ne sont pas encore trop menaçants, les pentes n’ont parfois rien à envier à leurs petites soeurs alpines.
Côté risque, ce n’est pas parce que Météo France n’édite pas un bulletin neige et avalanche pour les Vosges que ce risque n’existe pas dans les Vosges, c’est seulement parce que Météo France ne veut pas payer quelqu’un pour le rédiger, c’est dommage car les compétences existent ( Pierre Marie David, le nivologue vosgien). Certes dans la plupart des pentes qu’on est amené à skier le risque de se faire « coffrer » est faible mais les faits divers (d’hivers …) sont là pour nous rappeler qu’il ne fait pas bon chatouiller certaines pentes à certains moment et surtout que les conditions changent d’une heure à l’autre dans ce massif.
Pour le rythme et l’organisation des journées c’est un peu différent car pour avoir des dénivelées équivalents aux sorties alpines il faut s’y prendre en plusieurs fois et accepter parfois un peu de « plagnote » et/ou de « ski combat » dans les parties touffues de la forêt vosgienne.
Un élément déroutant également c’est que dans les Alpes les randos débutent souvent par la montée et se finissent par de la descente, ici routes militaro-stratégiques sillonnant les crêtes ou bien cols en tout genre, les randos débutent souvent par une descente ce qui ne facilite pas vraiment le renoncement en cours de journée, le « je vous attends là, vous me reprenez à la descente » s’applique difficilement.
Peautage, dépeautage et repeautage sont les 3 mamelles du skieur vosginiste car ces manips reviennent plus souvent que dans nos Alpes, donc gare à celle ou celui qui a pris la mauvaise habitude de bourrer ses peaux au fond du sac une fois l’ascension terminée : « ah ben ça colle plus … »
Et les gosses ? Qu’est ce qu’on fait des gosses, pendant qu’on fait du ski vosginisme ? Eh ben, on les emmène ! Et commence une vaste opération de récupération de vieilles fixations de rando qu’il faut bricoler pour y faire rentrer des chaussures en pointures 35 ou 36, un retaillage de vieilles peaux droites qui traînaient au fond d’un placard en pensant que ça pourrait servir d’attrape mouche lors d’un futur été caniculaire. Et puis, la solution ultime reste le « tractage » avec un baudrier et une corde (c’est mieux d’enlever les peaux des skis du gamin ou de la gamine, rigolez pas c’est du vécu …) mais dans ce cas chaque « conversion » est un problème en soi …
Et puis, il y a -pour certains- un inconvénient majeur dans le ski vosginisme, c’est que, autant dans les Alpes on monte, ensuite on descend et puis on va boire une bière et on passe l’après midi sur une terrasse, à caresser ses peaux de phoques en dissertant sur ses ampoules au talon, ici, dans les Vosges, on ne sait pas vraiment quand ça s’arrête car après 3 « montées » pourquoi ne pas en faire une quatrième dans ce couloir en forêt où la neige a l’air si bonne, « parce que la nuit vient de tomber », objecteront certains rabats joies qui ont les mollets qui piquent …
Un article dans l’Est sur le ski vosginisme et également une petite vidéo.
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