Après les « hotels à soldats » du fin fond de la Gruyère – ah les filles s’en souviennent !- , les refuges où il faut s’encorder pour accéder aux toilettes, ceux où le gardien ne nous a pas attendu, les chalets « plus aux normes depuis longtemps« , les nuits passées entassés dans des camions dans la tempête, il était temps de découvrir une autre forme de logement de montagne : l’Hospice.
Le bon vieux Napoléon qui se doutait de l’essor que prendrait un jour le ski de randonnée dans ce coin de la Suisse eut l’idée de faire bâtir au col du Simplon un modeste pavillon avec une centaine de chambres, des murs d’un mètre d’épais, des couloirs immenses et même un petit local pour faire sécher les peaux …. de phoques bien sûr, la wifi n’a été installée que bien plus tard.
Depuis pas mal de temps, ce sont les chanoines de la congrégation du Grand St Bernard qui sont les maîtres des lieux, autant vous dire que les plus mécréants d’entre nous n’en menaient pas large en pénétrant dans l’imposante bâtisse pour la première fois.
Mais on n’imagine guère toute l’énergie qu’il faut dépenser pour arriver à réunir dans un tel lieu une petite douzaine de skieurs de randonnée : désorganiser la moitié de l’Education Nationale pour partir à l’heure, dévaliser les banques pour trouver des « euros suisses », jongler avec les horaires pour ne pas louper le train (eh oui, OXYGENE donne dans le ferroutage, c’est tendance) , gérer ceux qui ne viennent plus, ceux qu’on attend mais qui ne devaient pas venir, bref c’est du soucis….
Comme dit Brigitte, qui a bien connu Napoléon, » Dans ces week-ends, il y a du suspense avant, du rythme pendant et des beaux souvenirs après.. ». Ca c’est ce qu’elle dit avant le kirsch de Daniel, car après c’est plutôt « Les hivers comme ça… si ça doit continuer .. il vaudrait mieux que ça arrête [sic, pour ne pas dire hips..] »
Une fois tout le monde cloitré dans l’Hospice, la retraite peut commencer…
Comme le règlement de l’Hospice indique que la matinée doit être consacrée à « la lecture, études ou autres occupations convenables » avec « défense de s’exposer dans les précipices », la destination de la première journée fut le modeste Spitzhorli, 800 mètres de dénivelé, un coup sans couteaux, un coup avec couteaux, un coup les skis aux pieds, un coup les skis sur l’épaule avec au passage révision des panneaux de signalisation « pastorale » et croisement au sommet d’un groupe goguenard à pied qui nous regarde vouloir absolument skier la plaque de glace en contrebas.
Notre obstination aura du bon car de plaques d’herbe en plaques de neige pas terribles et de petits couloirs en petits couloirs en presque bonne neige nous arriverons en vue de l’Ancien Hospice et d’une curieuse chapelle à 8 étages au pied de laquelle nous finirons l’après midi au soleil.
De retour au Nouvel Hospice (ben oui pour le même prix on en a eu 2), les plus courageux ont participé au traditionnel « exercice ARVA » perturbé paraît il par la très mystérieuse électronique embarquée des prototypes d’une grande marque française (dont il nous est impossible de dire qu’il s’agit de Renault) minutieusement bâchés et cachés aux environ du col. Un scoop pour Auto-Moto : les nouveaux modèles Renault sont planqués derrière l’Hospice du Simplon.
Grosse ambiance le soir quand Thierry annonce que le lendemain Oxygène a pour objectif le Breithorn, « LE » sommet à ne pas manquer dans le coin et que le petit déjeuner est avancé à 6 heures. Pendant qu’il repart hanter les couloirs de l’Hospice, son ordinateur portable en sifflotant un champ grégorien (je sais c’est pas facile…), Daniel bien inspiré, parti à la recherche de sa bouteille de Kirsch (on aurait du l’équiper d’un ARVA) rencontre un « vrai-guide-qui-connait-le-coin » et revient nous annoncer une mauvaise nouvelle : On ne va plus au Breithorn car il est en glace bleue, et une bonne nouvelle : on dort une heure de plus !
Le lendemain matin nous voilà donc au pied du Galehorn qui bien que moins prestigieux que le Breithorn a le mérite de ne pas « être en glace bleue ». A la montée, Daniel, toujours à la recherche d’une animation possible, laisse son appareil photo tout neuf sur une pierre, histoire de se refaire une petite descente supplémentaire. La descente, par l’autre versant de la montagne, un beau couloir bien large, est un vrai régal.
Le dernier jour sera un « GPS Day » c’est-à-dire avec une visibilité oscillant de nulle à mauvaise, sur un bon 1500 m. de dénivelé avec une section bien technique dans de la pente raide parsemée d’arcosses, une neige pleine de surprises, bref tout ce qu’il fallait pour le bizutage de Francis pour qui c’était le week-end « découverte du ski de randonnée ».
Au passage Brigitte remarquant que la Bortelhütte – avec un « t », on est d’accord… – n’était pas gardée, se proposa de la garder au moins jusqu’à notre retour.
Notre objectif du jour, la brèche du Bortel sera atteinte, bien après l’heure du déjeuner, comme le fera remarquer Jean Paul, limite narquois, mais il est vrai qu’à l’Hospice on prend vite l’habitude de manger à l’heure.
Simplonium misaribilis podfocae decolarum sed arva non reperio
Brigitte et Thierry en pèlerinage au Simplon, 46 ans après.
Des infos (un peu plus sérieuses) sur les randos effectuées :
– Le Spitzhorli
– Le Galehorn
– La brêche du Bortelhorn
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